Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

est vrai, qu’un homme s’abat de fatigue et de froid par les nuits d’hiver : mais le plus souvent, on ne risque rien à supposer que cet homme est ivre d’eau-de-vie. Pas une rixe de cabaret où l’oncle Fédia ne fût compromis ; après force explications entre la police municipale et les habitués du lieu, force coups et force cris, il se trouvait toujours que l’auteur du désordre était cet étranger, silencieux et sournois dans son coin, accusé par son méchant passeport mal en règle. À la suite de ces vilaines histoires, les enfants poursuivaient le colporteur dans la rue avec des huées et des pierres ; il pressait le pas de son petit roussin et s’esquivait tête basse, comme un homme qui n’a pas la conscience en repos. Bref, les braves gens ne pouvaient estimer ni aimer ce personnage équivoque.

Moi, pourtant, j’aimais l’oncle Fédia. Il faisait