Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/58

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L’interrogatoire, poursuivi sommairement, fut bientôt terminé. Le président invita une dernière fois le déposant à affirmer sous serment ses révélations. L’oncle Fédia sembla hésiter une seconde ; il leva timidement les yeux sur le Christ, puis étendit la main vers lui. Le tribunal se retira pour rédiger une nouvelle sentence. Seul au milieu de l’enceinte, sous le poids de tous ces regards lourds de haine, le colporteur baissait honteusement la tête, écrasé par la réprobation publique. Tout en m’avouant que mon vieil ami était criminel, je souffrais pour lui de cette horrible minute, de ce châtiment par le mépris ; ce fut presque un soulagement quand les magistrats reparurent avec la sentence. L’oncle Fédia était condamné aux mines de Sibérie : la peine était réduite à dix ans, en considération de l’aveu volontaire. Les gendarmes l’entraînèrent ; comme il