Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/59

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passait près de moi, retardé par la foule qui se pressait à la porte, je fouillai dans ma poche et glissai les quelques roubles que j’y trouvai dans la main du condamné.

« – Adieu, pauvre oncle Fédia ! »

Il murmura :

« – Merci, bârine ! ce n’est rien, mon malheur ne gênera personne. »

Je me souvins alors qu’il m’avait déjà dit cette phrase, du même ton singulier, la nuit où il partit de chez nous. On l’emmena, je le perdis de vue.

Au dehors, les paysans entouraient Akoulina et l’accablaient de félicitations. Elle ne savait que pleurer en répétant :

« – Loué soit Dieu !… Ah ! le maudit bohémien, qui voulait faire périr une innocente ! »

On la ramena en triomphe au village ; le soir, on fit venir les musiciens pour la fêter et