Page:Vogüé - Cœurs russes, 1893.djvu/88

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sa jonction avec l’aile gauche de l’armée russe, avait été battu et contraint d’évacuer Kars ; Tergoukassof, qui commandait cette aile gauche, avait perdu, de son côté, plus de sept mille hommes en diverses rencontres et repassait la frontière : nous restions seuls, abandonnés sur le territoire ottoman. Le pacha, mû par un sentiment d’humanité, nous engageait à cesser une lutte sans espoir et nous offrait les conditions honorables que méritait notre bravoure.

Tandis que le major lisait, des groupes nombreux de soldats étaient venus se masser derrière nous ; j’épiais sur leurs visages découragés l’impression produite par ces tristes nouvelles. Elles ne trouvaient que trop de créance : puisque nos frères n’accouraient pas à notre aide, c’est qu’ils étaient malheureux partout, comme l’affirmait