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Page:Vogüé - Jean d Agrève, 1898.djvu/105

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midi.

fermée n’a de communication avec personne, pas même avec sa mère, compagne timide, effacée, qui traite sa fille en enfant gâtée et difficile dont elle respecte l’indépendance. Cette fusion habituelle avec nos semblables, qui est pour beaucoup d’entre nous la respiration morale de l’individu humain, Hélène l’ignore et l’a transportée sur les plantes, les eaux, les bois, les cieux, sur les formes, les forces, les voix de la nature, seules confidentes de sa vie intérieure.

C’est une primitive, je ne trouve pas de mot plus juste pour me la définir. Égarée à notre époque de complications cérébrales et de formules qui emmaillotent la volonté, inintelligible aux gens de cette époque, je vois en elle la sœur attardée d’êtres très lointains, simples et puissants comme les énergies primordiales auxquelles ils obéissaient. La hardiesse tranquille de l’aveu qu’elle me fit, cette avance si contraire à nos mœurs, la soumission passive à l’appel d’une destinée qui l’exalte, l’indifférence pour nos grimaces usuelles, nos attitudes d’emprunt, notre trépidation intellectuelle, tout recule Hélène à son plan, parmi les femmes de la Bible et des vieux tragiques grecs, instruments dociles du