Page:Vogüé - Jean d Agrève, 1898.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
14
jean d’agrève.

— Au fait, j’ai tort, et je ne crains rien. Mon histoire est si simple, si monotone, qu’à la reproduire vous perdriez votre renom d’habile homme ; elle ne serait pas de vente. Votre clientèle ne se divertit guère à regarder couler de l’eau profonde : il lui faut des cascades. Donc, à jeudi soir : j’apporterai mes documents, vous jugerez sur pièces. Je ne sais pas inventer ; et si même j’avais ce don, j’en serais découragé par tout ce que j’ai vu. La vie m’a montré en tout genre des réalités qui passent les inventions des plus fertiles dramaturges.

M. du Plantier tint parole, le surlendemain. Il tira d’un portefeuille une liasse de lettres et des cahiers couverts d’une écriture serrée.

— Vous saurez tout à l’heure comment ces papiers sont venus dans mes mains. Permettez-moi un court préambule pour vous en donner la clef. Je laisserai ensuite mon ami raconter ce qu’il a voulu mettre là de son cœur, ce qu’il n’a révélé à personne. J’ai soupçonné l’événement qui a bouleversé sa vie : jamais il ne m’en a fait confidence ; à moi, ni à nul autre homme, j’en suis certain. Sa tombe seule a parlé.

J’avais connu Jean d’Agrève sur les bancs