Page:Vogüé - Jean d Agrève, 1898.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
36
jean d’agrève.

que les gagnants décrochent à la foire, quand on n’a dessein ni de s’enrichir, ni de gouverner ses semblables, ni de les étonner par de prétendus chefs-d’œuvre, ni de remplir son cœur avec les sentiments qu’ils peuvent offrir ?

« J’ai essayé de m’intéresser au gouvernement des hommes. J’ai vu de près comment ça se triturait, lorsque j’étais aide de cuisine à l’Élysée. Il m’a paru que les faits menaient souverainement d’honnêtes doctrinaires qui croient les diriger. Il m’a paru qu’à ce jeu la prime était trop forte pour les charlatans et les coquins, habiles à flatter et à duper un despote cent fois plus exigeant que Louis xiv. Tu connais mes rengaines : je sais que leur absolu te fait sourire ; ton métier t’affermit dans la persuasion que tout se tasse à la longue et se raccommode avec des pièces mal jointes, comme tes convictions, affreux orléaniste qui sers une république et n’es au fond qu’un affreux sceptique. Vis seulement deux cents ans, ce que je te souhaite, et tu verras que j’ai raison. Ce pauvre peuple eut la fière idée, voilà tantôt un siècle, qu’il se porterait mieux s’il se coupait la tête, que le monde entier l’imiterait et serait parfaitement heu-