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aube.

ner ce nom dans toute l’île. Le carré de briques blanchies à la chaux emprunte un petit air seigneurial aux fausses tourelles crénelées qui le flanquent aux quatre angles. Un manteau de plantes grimpantes monte jusqu’au toit ; le géranium pariétaire étale sur la façade ses fleurs délicates ; le crépi blanc de la muraille transparaît sous ces pétales d’un rose pâle, qui ont la nuance et la finesse d’un épiderme d’enfant. À l’intérieur, un grand vestibule et quelques chambres gardent la physionomie simple et accueillante des logis d’autrefois. J’ai pris mes quartiers dans le château des seigneurs de Port-Cros, comme l’appellent pompeusement les pêcheurs. Le marchand de biens, trop heureux d’une aubaine inespérée, m’a cédé pour un morceau de pain la jouissance temporaire de cette maison depuis si longtemps désertée.

Je peux vraiment me croire le seigneur de Port-Cros, souverain aussi absolu que Robinson dans son empire, quand je vais contempler le mien de ce point culminant où le fort de la Vigie dresse sa masse blanche. Une logette à quatre ouvertures est accotée au mât de pavillon, scellé sur la plus haute saillie de rocher. J’aime m’asseoir là au tomber du