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jean d’agrève.

enfant ignorante et obéissante qui faisait l’appoint du troc. Elle a vécu plusieurs années loin de France, en Lithuanie, où le prince, remis à flot, a remonté une grande exploitation agricole. Il est retenu dans ses terres par les charges de cette entrevrise, par les incommodités venues avec l’âge, et aussi, prétend-on, par une ancienne liaison renouée là-bas. Trop délicate de santé pour supporter les hivers dans ce climat, la jeune femme revient les passer depuis deux ans sur le littoral méditerranéen, près de sa mère. Ces stations de plus en plus prolongées, — on l’a rencontrée l’été dans une ville d’eaux des Pyrénées, — feraient croire à une séparation de fait, discrète et sans éclat.

Cannes avait tout d’abord fixé le choix des deux femmes. Les habitués de la Croizette virent arriver cette belle recrue, l’an dernier ; elle brilla dans toutes les fêtes de la saison, elle se prêta au mouvement bruyant de la vie de plaisir ; sans entrain, semblait-il ; indifférence ou coquetterie, elle accueillit comme un passe-temps les empressements dont elle était l’objet, elle ne fit pas entre les soupirants de ces distinctions dont on eût pu jaser. Cet hiver, on ne l’a plus revue à Cannes : ces dames