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jean d’agrève.

18 mars. — Voilà qui passe toutes les surprises de ma vie. Non, la plus folle imagination de romancier n’égalera jamais les coups imprévus de la réalité. Je hausserais les épaules, si je lisais dans un conte ce qui vient de m’arriver, je me tâte pour savoir si je rêve. Cela est, pourtant ; ou bien je ne suis pas ici, cette terre n’est pas sous mes pieds, ce ciel n’est pas sur ma tête !

Un de mes camarades de l’escadre est venu hier matin tirer quelques faisans à Port-Cros. Après déjeuner, il m’a offert de m’emmener dans sa baleinière ; il m’engageait à prendre avec lui le train de Toulon, pour aller aux nouvelles. On va armer deux avisos de la réserve, paraît-il, les deux commandements seraient dévolus à des officiers de notre grade, les têtes de listes se remuent. J’ai accepté la proposition. Un bon vent nous a portés sur la terre, nous étions à Hyères bien avant l’heure du train, j’avais du temps à perdre en ville. J’ai sonné à la porte de la villa des Cyprès. Pouvais-je moins faire ? Vraiment, je n’ai pas cherché l’occasion. J’avais mes deux cartes toutes prêtes : c’était l’heure de la promenade, quand chacun est sur les routes.

Une servante ouvre la grille, m’introduit