Prophétie.
« Ce n’est pas une rumeur vague sortie du peuple, — ce n’est pas dans notre race que la prédiction naquit ; — c’est une voix ancienne, une voix d en haut qui l’a dit : — Le quatrième siècle est déjà sur son déclin, — qu’il s’accomplisse et l’heure sonnera ! — Et dans Byzance régénérée — les voûtes antiques de Sainte-Sophie— abriteront de nouveau l’autel du Christ. — Tombe devant cet autel, ô tsar russe, — et relève-toi, tsar de tous les Slaves ! »
Ces deux derniers vers, très fortement frappés
dans l’original , sont devenus proverbiaux à
Moscou ; et encore plus les suivants, que toute
l’école slavophile a pris pour devise :
« On ne comprend pas la Russie avec la raison ;
— on ne la mesure pas avec le mètre commun.
— Elle a pour soi seule un mètre à sa taille ;
— on ne peut que croire à la Russie. »
Néanmoins, ces airs de fanfare sont la partie
caduque du répertoire de Tutchef. J’en aime mieux
le murmure du cœur, qui parle à tous les hommes.
Il parait avoir beaucoup travaillé, ce pauvre
cœur ; quand on rapproche les poésies qui le trahissent,
tout ensemble ardentes et voilées, on
devine qu’il fut toujours en alerte. Comme le dit
avec raison le biographe de Tutchef, cet homme