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vangence, suppeditant ceus de son authorité, et de la (le reste est effacé) — (supplantant est effacé).

p. 55, de l’édition de Bordeaux. — Note écrite au travers de la page. — Les plus belliqueuses nations en nos iours sont les plus grossières et ignorantes. Les Suisses, les Parthes Tamburlan nous servent a cette preuve. Quand les Gots ravagèrent la Grèce, ce qui sauva toutes les libreries destre passes au fu ce fut un d’entre eus qui sema cette opinion qu’il faloit laisser ce meuble entrer aus enemis propre a les destourner de lexercice militere et amuser a des occupations sedenteres et oisifves. Quand nostre Roy Charles huictieme, sans tirer lespee du fourreau se vit maistre du Royaume de Naples et d’une bone partie de la Toscane les seignurs de sa suite attribuarent cette inespérée facilite de conqueste a ce que les princes et la noblesse d’Italie samusoint plus a se rendre ingenieus et scavaus que vigoreus et guerriers.

Montaigne a dû subir souvent les exigences du public, mais surtout fermer les yeux sur les négligences de l’imprimeur, de là tant de façons diverses de représenter le même son, d’écrire le même mot.


§ II. — Voyelles et diphthongues.


VOYELLES.


E.

On trouve souvent écrits, comme dans le vieux français, par e au lieu de ai, les mots : j’espessis (I, 2), frez (I, 48) ; questuere, vie questuere (II, 8) ; épesseur (II, 17) ; fadese (III, 8).

Par analogie de naître, Montaigne conserve ai dans le participe de ce verbe : aveugles nais (II, 12) ; nous sommes nais (III, 8). — On rencontre souvent e là où nous mettons aujourd’hui ei : seze ans (I, 25) ; treze lieues (III, 9).

D’après l’usage du xvie siècle, Montaigne écrit par ei et non par e : seiche (III, 4) ; reiglée (III, 1) ; les reigles (III, 12).

Comme dans le vieux français, il écrit aussi par ei : qu’on meine (I, 27, III, 12).

Ae étymologique est parfois gardé : praesumption (II, 17) ; aequable (ibid) ; praeeminence (III, 5) ; praedominante (III, 9). De même œ, au lieu de e : pœnitence (II, 12).