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LES RUINES.

De ce que toute action utile au public attirait son estime et sa reconnaissance, chacun s’empressait d’être utile, et l’amour-propre multipliait les talents et les vertus civiles.

De ce que tout citoyen contribuait également de ses biens et de sa personne, les armées et les fonds étaient inépuisables, et les nations déployaient des masses imposantes de forces.

De ce que la terre était libre et sa possession sûre et facile, chacun était propriétaire ; et la division des propriétés conservait les mœurs en rendant le luxe impossible.

De ce que chacun cultivait pour lui-même, la culture était plus active, les denrées plus abondantes, et la richesse particulière faisait l’opulence publique.

De ce que l’abondance des denrées rendait la subsistance facile, la population fut rapide et nombreuse, et les États atteignirent en peu de temps le terme de leur plénitude.

De ce qu’il y eut plus de production que de consommation, le besoin du commerce naquit, et il se fit, de peuple à peuple, des échanges qui augmentèrent leur activité et leurs jouissances réciproques.

Enfin, de ce que certains lieux, à certaines époques, réunirent l’avantage d’être bien gouvernés à celui d’être placés sur la route de la plus active circulation, ils devinrent des entrepôts florissants