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CHAPITRE X.

de commerce et des sièges puissants de domination. Et sur les rives du Nil et de la Méditerranée, du Tigre et de l’Euphrate, les richesses de l’Inde et de l’Europe, entassées, élevèrent successivement la splendeur de cent métropoles.

Et les peuples, devenus riches, appliquèrent le superflu de leurs moyens à des travaux d’utilité commune et publique ; et ce fut là, dans chaque État, l’époque de ces ouvrages dont la magnificence étonne l’esprit ; de ces puits de Tyr, de ces digues de l’Euphrate, de ces conduits souterrains de la Médie[1], de ces forteresses du désert, de ces aqueducs de Palmyre, de ces temples, de ces portiques… Et ces travaux purent être immenses sans accabler les nations, parce qu’ils furent le produit d’un concours égal et commun des forces d’individus passionnés et libres.

Ainsi, les anciens États prospérèrent, parce que les institutions sociales y furent conformes aux véritables lois de la nature, et parce que les hommes, y jouissant de la liberté et de la sûreté de leurs personnes et de leurs propriétés, purent déployer toute l’étendue de leurs facultés, toute l’énergie de l’amour de soi-même.

  1. Voyez pour ces faits le Voyage en Syrie, tome II, et les Recherches nouvelles sur l’Histoire ancienne, tom. II.