les détails sur la vie privée de leurs auteurs rentrent dans le domaine de l’histoire ; et l’histoire doit être moins la connaissance des faits, qu’une étude approfondie du cœur de l’homme. Les actions des héros qu’on se plaît à mettre sous nos yeux ne sont-elles pas moins propres à atteindre ce but, que l’exemple des vices et des vertus dans les hommes qui ont prétendu enseigner la sagesse ? Dans les premiers, une action d’éclat n’est souvent que l’élan d’un esprit exalté, que l’exécution rapide d’un dessein extraordinaire et spontané ; dans les seconds, tout est le fruit d’une méditation soutenue : la vertu marque le but, la persévérance y conduit.
Pourquoi donc s’être plutôt attaché à nous conserver le souvenir de toutes les sanglantes catastrophes qu’à nous présenter une analyse sévère des mœurs et des sentiments des hommes remarquables ? C’est que l’homme aime les images fortes et animées ; c’est qu’on peut l’émouvoir plus par la profonde terreur des tableaux sanglants de l’histoire, que par les douces images des vertus privées.
L’étude de la vie des savants est digne de toute notre attention. Il est à la fois curieux et instructif d’examiner comment ont supporté les malheurs de la vie ceux qui ont enseigné les préceptes d’une philosophie impassible. Leur histoire est un tissu de contradictions singulières. Le citoyen de Ge-