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Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/13

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NOTICE SUR LA VIE ET LES ÉCRITS

nève, qui consacre ses veilles au bonheur des enfants, abandonne froidement les siens ; ennemi déclaré des préjuges, il n’ose les braver ; ce cœur sensible est sourd au cri de la nature , et cet esprit fort est sans cesse tourmenté par les fantômes bizarres de son imagination fiévreuse. Le plus grand génie de son siècle, Voltaire, qui porte des coups si audacieux au despotisme, sollicite et reçoit la clef de chambellan des mains de Frédéric : Newton , qui voue sa vie à la recherche de la vérité, commente l’Apocalypse. Le chancelier Bacon, le premier philosophe de l’Angleterre, fait un traité sur la justice, et la vend au plus offrant. On pourrait multiplier les citations ; ce ne seraient que de nouvelles preuves de l’imperfection de la nature de l’homme.

Cependant il est des savants qui, joignant l’exemple au précepte, n’ont jamais dévié des principes qu’ils ont enseignés. L’auteur des Ruines est de ce nombre ; il nous est doux d’avoir à tracer la vie du philosophe éclairé, du législateur sage, et surtout de l’homme austère dont toute l’ambition fut d’être utile, et qui ne voulut composer son bonheur que de l’idée d’avoir hâté celui des hommes[1].

  1. Quelques jours avant de mourir, M. de Volney avait commencé l’histoire de sa vie ; tout ce qui est marqué par des guillemets, est copié sur des notes écrites au crayon, et qui furent trouvées parmi ses papiers.