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NOTICE SUR LA VIE ET LES ÉCRITS

quentait souvent, n’ait beaucoup contribué à développer les brillantes dispositions dont il était doué. Il se dégoûta de plus en plus de toute espèce de profession : il aspirait, presque à son insu, à quelque chose de plus élevé.

Jeune encore, il avait déjà vieilli dans la méditation, et son génie n’attendait que d’être livré à lui-même pour se développer et prendre un essor rapide. L’occasion ne tarda pas à se présenter ; une modique succession lui échut[1] : il résolut d’en employer l’argent à entreprendre un long voyage. Comme tous les grands hommes, il dédaigna les routes frayées, et choisit la plus inconnue et la plus périlleuse : il projeta de parcourir l’Égypte et la Syrie.

De tous les pays c’étaient les moins connus ; après d’immenses recherches et de graves réflexions, Constantin résolut d’entreprendre de parvenir à ce périlleux voyage ; il quitta Paris, et se rendit chez son oncle.

Il ne se dissimulait ni les dangers ni les fatigues qui l’attendaient, mais aussi entrevoyait-il la gloire qu’il devait y acquérir. Il mesura d’abord l’étendue de la carrière, pour calculer, puis acquérir les forces qu’il lui fallait pour la parcourir.

Il s’exerçait à la course, entreprenait de faire à pied des voyages de plusieurs jours ; il s’habituait

  1. À peu près 6,000 fr.