Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
CHAPITRE XXII.

raisonnable à des esprits dégagés de préjugés ; et nous l’exposerons, non avec la prétention d’en imposer la croyance, mais avec l’intention de provoquer de nouvelles lumières et de plus grands éclaircissements.

« Vous le savez, docteurs et instituteurs des peuples ! d’épaisses ténèbres couvrent la nature, l’origine, l’histoire des dogmes que vous enseignez : imposés par la force et l’autorité, inculqués par l’éducation, entretenus par l’exemple, ils se perpétuent d’âge en âge, et affermissent leur empire par l’habitude et l’inattention. Mais si l’homme, éclairé par la réflexion et l’expérience, rappelle à un mûr examen les préjugés de son enfance, il y découvre bientôt une foule de disparates et de contradictions qui éveillent sa sagacité et provoquent son raisonnement.

D’abord, remarquant la diversité et l’opposition des croyances qui partagent les nations, il s’enhardit contre l’infaillibilité que toutes s’arrogent, et s’armant de leurs prétentions réciproques, il conçoit que les sens et la raison, émanés immédiatement de Dieu, ne sont pas une loi moins sainte, un guide moins sûr que les codes médiats et contradictoires des prophètes.

« S’il examine ensuite le tissu de ces codes eux-mêmes, il observe que leurs lois prétendues divines, c’est-à-dire immuables et éternelles, sont nées par circonstances de temps, de lieux et de