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LES RUINES.

personnes ; qu’elles dérivent les unes des autres dans une espèce d’ordre généalogique, puisqu’elles s’empruntent mutuellement un fonds commun et ressemblant d’idées, que chacune modifie à son gré.

« Que s’il remonte à la source de ces idées, il trouve qu’elle se perd dans la nuit des temps, dans l’enfance des peuples, jusqu’à l’origine du monde même, à laquelle elles se disent liées ; et là, placées dans l’obscurité du chaos et dans l’empire fabuleux des traditions, elles se présentent accompagnées d’un état de choses si prodigieux, qu’il semble interdire tout accès au jugement ; mais cet état même suscite un premier raisonnement, qui en résout la difficulté ; car, si les faits prodigieux que nous présentent les systèmes théologiques ont réellement existé ; si, par exemple, les métamorphoses, les apparitions, les conversions d’un seul ou de plusieurs dieux, tracées dans les livres sacrés des Indiens, des Hébreux, des Parsis, sont des événements historiques, il faut convenir que la nature d’alors différait entièrement de celle qui subsiste ; que les hommes actuels n’ont rien de commun avec ceux de ces siècles-là, et qu’ils ne doivent plus s’en occuper.

Si, au contraire, ces faits prodigieux n’ont pas réellement existé dans l’ordre physique, dès lors on conçoit qu’ils sont du genre des créations de l’entendement ; et sa nature, capable encore au-