siciens qui les observèrent, et prise à contre-sens par le vulgaire, qui ne l’entendit pas, ou par les générations suivantes, qui l’oublièrent. On reconnaît, en un mot, que tous les dogmes idéologiques sur l’origine du monde, sur la nature de Dieu, la révélation de ses lois, l’apparition de sa personne, ne sont que des récits de faits astronomiques, que des narrations figurées et emblématiques du jeu des constellations. On se convaincra que l’idée même de la divinité, cette idée aujourd’hui si obscure, n’est, dans son modèle primitif, que celle des puissances physiques de l’univers, considérées tantôt comme multiples à raison de leurs agents et de leurs phénomènes, et tantôt comme un être unique et simple par l’ensemble et le rapport de toutes leurs parties : en sorte que l’être appelé Dieu a été tantôt le vent, le feu, l’eau, tous les éléments ; tantôt le soleil, les astres, les planètes et leurs influences ; tantôt la matière du monde visible, la totalité de l’univers ; tantôt les qualités abstraites et métaphysiques, telles que l’espace, la durée, le mouvement et l’intelligence ; et toujours avec ce résultat, que l’idée de la divinité n’a point été une révélation miraculeuse d’êtres invisibles, mais une production naturelle de l’entendement, une opération de l’esprit humain, dont elle a suivi les progrès et subi les révolutions dans la connaissance du monde physique et de ses agents.
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LES RUINES.