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CHAPITRE XXII.

jourd’hui des compositions les plus fantastiques, rend d’abord raison de l’apparition de ces monstres dans l’histoire ; il ne s’agit plus que de savoir comment et pourquoi ils se sont formés dans l’imagination : or, en examinant avec attention les sujets de leurs tableaux, en analysant les idées qu’ils combinent et qu’ils associent, et pesant avec soin toutes les circonstances qu’ils allèguent, l’on parvient à découvrir, à ce premier état incroyable, une solution conforme aux lois de la nature ; on s’aperçoit que ces récits d’un genre fabuleux ont un sens figuré autre que le sens apparent ; que ces prétendus faits merveilleux sont des faits simples et physiques, mais qui, mal conçus ou mal peints, ont été dénaturés par des causes accidentelles dépendantes de l’esprit humain ; par la confusion des signes qu’il a employés pour peindre les objets ; par l’équivoque des mots, le vice du langage, l’imperfection de l’écriture ; on trouve que ces dieux, par exemple, qui jouent des rôles si singuliers dans tous les systèmes, ne sont que les puissances physiques de la nature, les élements, les vents, les astres, et les météores, qui ont été personnifiés par le mécanisme nécessaire du langage et de l’entendement ; que leur vie, leurs mœurs, leurs actions ne sont que le jeu de leurs opérations, de leurs rapports ; et que toute leur prétendue histoire n’est que la description de leurs phénomènes, tracée par les premiers phy-