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LES RUINES.

unanimes, l’attribuent aux premières peuplades de l’Égypte : et lorsque le raisonnement trouve réunies dans cette contrée toutes les circonstances physiques qui ont pu le susciter ; lorsqu’on y rencontre à la fois une zone du ciel, voisine du tropique, également purgée des pluies de l’équateur et des brumes du nord ; lorsqu’il y trouve le point central de la sphère antique, un climat salubre, un fleuve immense et cependant docile, une terre fertile sans art, sans fatigue, inondée sans exhalaisons morbifiques, placée entre deux mers qui touchent aux contrées les plus riches, il conçoit que l’habitant du Nil, agricole par la nature de son sol, géomètre par le besoin annuel de mesurer ses possessions, commerçant par la facilité de ses communications, astronome enfin par l’état de son ciel, sans cesse ouvert à l’observation, dut le premier passer de la condition sauvage à l’état social, et par conséquent arriver aux connaissances physiques et morales qui sont propres à l’homme civilisé.

« Ce fut donc sur les bords supérieurs du Nil, et chez un peuple de race noire, que s’organisa le système compliqué du culte des astres, considérés dans leurs rapports avec lès productions de la terre et les travaux de l’agriculture ; et ce premier culte, caractérisé par leur adoration sous leurs formes ou leurs attributs naturels, fut une marche simple de l’esprit humain : mais bientôt la multiplicité des