Observateur impartial et sage, il ne portait jamais de jugements d’après les opinions d’autrui ; il voulait voir par lui-même, et il voyait toujours juste ; parce que, sans passions et sans préjugés, il ne désirait et ne cherchait que la vérité.
Il employa trois années à faire ce grand voyage, ce qui paraît un prodige lorsqu’on vient à songer à la modique somme qu’il avait pour l’entreprendre. Il ne l’y dépensa pas tout entière, car à son retour il possédait encore vingt-cinq louis. Quelle sagesse ne lui a-t-il pas fallu pour vivre et voyager trois années entières dans un pays ravagé, où tout se paie au poids de l’or ! Mais c’est que Volney fréquentait peu la société des villes ; il était presque continuellement en voyage, et il voyageait avec la simplicité d’un philosophe et l’austérité d’un Arabe. Toujours à la recherche de la vérité , il avait renoncé à la trouver parmi les hommes ; il suivait avec avidité les traces des temps anciens pour découvrir le sort des générations présentes. Occupé de hautes pensées, il aimait à errer au milieu des ruines, il semblait se complaire au milieu des tombeaux. Là, il s’abandonnait à des rêveries profondes. Assis sur les monuments presque en poussière des grandeurs passées, il méditait sur la fragilité des grandeurs présentes ; il s’accoutumait à suivre les progrès de la destruction générale, à mesurer d’un œil tranquille cet horrible abîme où vont s’engouffrer