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Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/290

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LES RUINES.

ples. De quel droit vous établissez-vous médiateurs entre Dieu et nous ?

« Par ses ordres, dirent les docteurs.

« Où est la preuve de ses ordres ; dirent les hommes simples. — Dans nos livres, dirent les docteurs. Nous ne les entendons pas, dirent les hommes simples ; et comment ce Dieu juste vous donne-t-il ce privilège sur nous ? Comment ce père commun nous oblige-t-il de croire à un moindre degré d’évidence que vous ? Il vous a parlé, soit ; il est infaillible, et il ne vous trompe pas ; vous nous parlez, vous ! qui nous garantit que vous n’êtes pas en erreur, ou que vous ne sauriez nous y induire ? Et si nous sommes trompés, comment ce Dieu juste nous sauvera-t-il contre la loi, ou nous condamnera-t-il sur celle que nous n’avons pas connue ?

« Il vous a donné la loi naturelle, dirent les docteurs.

« Qu’est-ce que la loi naturelle ? répondirent les hommes simples. Si cette loi suffit, pourquoi en a-t-il donné d’autres ? si elle ne suffit pas, pourquoi l’a-t-il donnée imparfaite ?

« Ses jugements sont des mystères, reprirent les docteurs, et sa justice n’est pas comme celle des hommes. — Si sa justice, répliquèrent les hommes simples, n’est pas comme la nôtre, quel moyen avons-nous d’en juger ? et, de plus, pourquoi