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DE C.-F. VOLNEY

struction publique ; une école nouvelle fut établie en France, et les professeurs en furent choisis parmi les savants les plus illustres.

L’auteur des Ruines, appelé à la chaire d’histoire, accepta cette charge pénible, mais qui portait avec elle une bien douce récompense pour lui, puisqu’elle lui offrait les moyens d’être utile. Tout en enseignant l’histoire, il voulait chercher à diminuer l’influence journalière qu’elle exerce sur les actions et les opinions des hommes ; il la regardait à juste titre comme l’une des sources les plus fécondes de leurs préjugés et de leurs erreurs : c’est en effet de l’histoire que dérivent la presque totalité des opinions religieuses et la plupart des maximes et des principes politiques souvent si erronés et si dangereux qui dirigent les gouvernements, les consolident quelquefois, et ne les renversent que trop souvent. Il chercha à combattre ce respect pour l’histoire, passé en dogme dans le système d’éducation de l’Europe, et s’attacha d’autant plus à l’ébranler, qu’éclairé par des recherches savantes, il ajoutait moins de foi à ces raconteurs des temps passés, qui écrivaient souvent sur des ouï-dire et toujours poussés par des passions. Comment en effet croirons-nous à la véracité des anciens historiens, lorsque nous voyons sans cesse les événements d’hier dénaturés aujourd’hui ?

Dans ses leçons à l’École Normale, Volney se livra à des considérations générales mais appro-