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DE C.-F. VOLNEY

tait pas pris au dépourvu, il sut contenir sa colère ; et le lendemain, apercevant Volney parmi les sénateurs qui étaient venus en corps lui rendre hommage et prêter serment de fidélité, il perce la foule, le tire à l’écart, et reprenant son ancien ton affectueux : « Qu’avez-vous fait, Volney ? lui dit-il ; est-ce le signal de la résistance que vous avez voulu donner ? Pensez-vous que cette démission soit acceptée ? Si, comme vous le dites, vous désirez vous retirer dans le Midi, vos congés seront prolongés tant que vous voudrez. » Quelques jours après, le sénat décréta qu’il n’accepterait la démission d’aucun de ses membres.

Forcé de reprendre sa dignité de sénateur et décoré du titre de comte, Volney, désirant ne plus paraître sur la scène politique, se retira à ta campagne, où il reprit ses travaux historiques et philologiques. Il s’y adonna particulièrement à l’étude des langues de l’Asie. Il attribuait à notre ignorance absolue des langues orientales, cet éloignement qui existe et se maintient opiniâtrement depuis tant de siècles entre les Asiatiques et les Européens. En effet, qu’on suppose que l’usage de ces langues devienne tout à coup commun et familier, et cette ligne tranchante de contrastes s’efface en peu de temps ; les relations commerciales n’étant plus entravées par la difficulté de s’entendre, deviendraient plus fréquen-