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Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/82

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LES RUINES.

vres ! Il faudra sans doute vous produire des miracles ! Il faudra ressusciter les laboureurs que vous égorgez, relever les murs que vous renversez, reproduire les moissons que vous détruisez, rassembler les eaux que vous dispersez, contrarier enfin toutes les lois des cieux et de la terre ; ces lois établies par Dieu même, pour démonstration de sa magnificence et de sa grandeur ; ces lois éternelles antérieures à tous les codes, à tous les prophètes ; ces lois immuables que ne peuvent altérer, ni les passions, ni l’ignorance de l’homme ! Mais la passion qui les méconnaît, l’ignorance qui n’observe point les causes, qui ne prévoit point les effets, ont dit dans la sottise de leur cœur : « Tout vient du hasard, une fatalité aveugle verse le bien et le mal sur la terre, sans que la prudence ou le savoir puisse s’en préserver. » Ou, prenant un langage hypocrite, elles ont dit : « Tout vient de Dieu ; il se plaît à tromper la sagesse et à confondre la raison » Et l’ignorance s’est applaudie dans sa malignité. « Ainsi, a-t-elle dit, je m’égalerai à la science qui me blesse ; je rendrai inutile la prudence qui me fatigue et m’importune. » Et la cupidité a ajouté : « Ainsi j’opprimerai le faible et je dévorerai les fruits de sa peine ; et je dirai : C’est Dieu qui l’a décrété, c’est le sort qui l’a voulu. » — Mais moi, j’en jure par les lois du ciel et de la terre, et par celles qui régissent le cœur humain ! l’hypocrite sera déçu dans sa four-