Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
CHAPITRE IV.

d’Égypte et de Syrie, ces jouissances alimentèrent successivement l’opulence de Thèbes, de Sidon, de Memphis et de Jérusalem ; et que, tantôt remontant le Tigre et l’Euphrate, elles suscitèrent l’activité des nations assyriennes, mèdes, kaldéennes et perses ; et ces richesses, selon l’abus et l’usage qu’elles en firent, élevèrent ou renversèrent tour à tour leur domination. Voilà le foyer qui suscitait la magnificence de Persépolis, dont tu aperçois les colonnes ; d’Ecbatane, dont la septuple enceinte est détruite ; de Babylone qui n’a plus que des monceaux de terre fouillée ; de Ninive, dont le nom à peine subsiste ; de Tapsaque, d’Anatho, de Gerra, de cette désolée Palmyre. Ô noms à jamais glorieux ! champs célèbres, contrées mémorables ! combien votre aspect présente de leçons profondes ! combien de vérités sublimes sont écrites sur la surface de cette terre ! Souvenirs des temps passés, revenez à ma pensée ! Lieux témoins de la vie de l’homme en tant de divers âges, retracez moi les révolutions de sa fortune ! Dites quels en furent les mobiles et les ressorts ! Dites à quelles sources il puisa ses succès et ses disgrâces ! Dévoilez à lui-même les causes de ses maux ! Redressez-le par la vue de ses erreurs ! Enseignez-lui sa propre sagesse, et que l’expérience des races passées devienne un tableau d’instruction et un germe de bonheur pour les races présentes et futures ! »