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Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/218

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l’ennemi, le grand adversaire de l’ancien des jours, chanté par Daniel. Dans la Syrie, ce fut le porc ou le sanglier, ennemi d’Adonis, parce que, dans cette contrée, le rôle de l’ours boréal fut rempli par l’animal dont les inclinations fangeuses sont


emblématiques de l’hiver ; et voilà pourquoi, enfans de Moïse et de Mahomet, vous l’avez pris en horreur, à l’imitation des prêtres de Memphis et de Baalbek, qui détestaient en lui le meurtrier de leur dieu soleil. C’est aussi le type premier de votre Chib-En, ô indiens ! Lequel fut jadis le Pluton de vos frères les romains et les grecs ; ainsi que votre Brama, ce dieu créateur n’est que l’Ormuzd persan, et l’Osiris égyptien, dont le nom même exprime un pouvoir créateur, producteur de formes. Et ces dieux reçurent un culte analogue à leurs attributs vrais ou feints, lequel, à raison de leur différence, se partagea en deux branches diverses. Dans l’une, le dieu bon reçut un culte d’amour et de joie, d’où dérivent tous les actes religieux du genre gai, les fêtes, les danses, les festins, les offrandes de fleurs, de lait, de miel, de parfums, en un mot, de tout ce qui flatte les sens et l’ame. Dans l’autre, le dieu mauvais reçut, au contraire, un


culte de crainte et de douleur, d’où dérivent tous les actes religieux du genre triste ; les pleurs, la désolation, le deuil, les privations, les offrandes sanglantes et les sacrifices cruels. De là vient encore ce partage des êtres