Cependant la cupidité avait suscité entre les hommes une lutte constante et universelle qui, portant sans cesse les individus et les sociétés à des invasions réciproques, occasionna
des révolutions successives, et une agitation
renaissante.
Et d’abord, dans l’état sauvage et barbare des
premiers humains, cette cupidité audacieuse et
féroce enseigna la rapine, la violence, le meurtre ;
et long-tems les progrès de la civilisation en
furent ralentis.
Lorsqu’ensuite les sociétés commencèrent de se
former, l’effet des mauvaises habitudes passant
dans les lois et les gouvernemens, il en corrompit
les institutions et le but ; et il s’établit des
droits arbitraires et factices, qui dépravèrent
les idées de justice et la moralité des peuples.
Ainsi, parce qu’un homme fut plus fort qu’un
autre, cette inégalité, accident de la nature, fut
prise pour sa loi ; et parce que le fort
put ravir au faible la vie, et qu’il la lui
conserva, il s’arrogea sur sa personne un droit de
propriété abusive, et