Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/95

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de vos pratiques ! Depuis tant de siècles que vous les suivez ou les altérez, qu’ont changé vos recettes aux lois de la nature ? Le soleil en a-t-il plus lui ? Le cours des saisons est-il autre ? La terre en est-elle plus féconde, les peuples sont-ils plus heureux ? Si Dieu est bon, comment se plaît-il à vos pénitences ? S’il est infini, qu’ajoutent vos hommages à sa gloire ? Si ses décrets ont tout prévu, vos prières en changent-elles l’arrêt ? Répondez, hommes inconséquens ! " vous, vainqueurs, qui dites servir Dieu, a-t-il donc besoin de votre aide ? S’il veut punir, n’a-t-il pas en main les tremblemens, les volcans, la foudre ? Et le Dieu clément ne sait-il corriger qu’en exterminant ? Vous, musulmans, si Dieu vous châtie pour le viol des cinq préceptes, comment élève-t-il


les francs qui s’en rient ? Si c’est par le qoran qu’il régit la terre, sur quels principes jugea-t-il les nations avant le prophète, tant de peuples qui buvaient du vin, mangeaient du porc, n’allaient point à la Mekke, à qui cependant il fut donné d’élever des empires puissans ? Comment jugea-t-il les sabéens de Ninive et de Babylone ; le perse, adorateur du feu ; le grec, le romain, idolâtres ; les anciens royaumes du Nil, et vos propres aïeux arabes et tartares ? Comment juge-t-il encore maintenant tant de nations qui méconnaissent ou ignorent votre culte, les nombreuses castes des indiens, le vaste empire du chinois, les noires tribus de l’Afique, les insulair