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Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/96

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es de l’océan, les peuplades de l’Amérique ? Hommes présomptueux et ignorans, qui vous arrogez à vous seuls la terre ! Si Dieu rassemblait à la fois toutes les générations passées et présentes, que seraient dans leur océan ces sectes soi-disant universelles du chrétien et du musulman ? Quels seraient les jugemens de sa justice égale et commune sur l’universalité réelle des humains ? C’est là que votre esprit s’égare en systèmes incohérens ; et c’est là que la vérité brille avec évidence ; c’est là que se manifestent les lois puissantes et simples de la nature et de la raison : lois d’un moteur commun,


général ; d’un Dieu impartial et juste, qui, pour pleuvoir sur un pays, ne demande point quel est son prophète ; qui fait luire également son soleil sur toutes les races des hommes, sur le blanc comme sur le noir, sur le juif, sur le musulman, sur le chrétien et sur l’idolâtre ; qui fait prospérer les moissons là où des mains soigneuses les cultivent ; qui multiplie toute nation chez qui règnent l’industrie et l’ordre ; qui fait prospérer tout empire où la justice est pratiquée, où l’homme puissant est lié par les lois, où le pauvre est protégé par elles, où le faible vit en sureté, où chacun enfin jouit des droits qu’il tient de la nature et d’un contrat dressé avec équité. Voilà par quels principes sont jugés les peuples ! Voilà la vraie religion qui régit le sort des empires, et qui, de vous-mêmes ottomans, n’a cessé de faire la destinée ! Interrogez vos ancêtres ! Demandez-leur par quels moyens ils élevèrent