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CHAPITRE XXIII.

toutes ces lois, et quel est le but qu’elles se proposent ?

« De vous rendre plus heureux, reprit un docteur, en vous rendant meilleurs et plus vertueux : c’est pour apprendre aux hommes à user de ses bienfaits, et à ne point se nuire entre eux, que Dieu s’est manifesté par tant d’oracles et de prodiges.

« En ce cas, dirent les hommes simples, il n’est pas besoin de tant d’études ni de raisonnements : montrez-nous quelle est la religion qui remplit le mieux le but qu’elles se proposent toutes. »

Aussitôt, chacun des groupes vantant sa morale, et la préférant à toute autre, il s’éleva de culte à culte une nouvelle dispute plus violente. « C’est nous, dirent les musulmans, qui possédons la morale par excellence, qui enseignons toutes les vertus utiles aux hommes et agréables à Dieu. Nous professons la justice, le désintéressement, le dévouement à la Providence, la charité pour nos frères, l’aumône, la résignation ; nous ne tourmentons point les âmes par des craintes superstitieuses ; nous vivons sans alarmes et nous mourons sans remords. »

« Comment osez-vous, répondirent les prêtres chrétiens, parler de morale, vous dont le chef a pratiqué la licence et prêché le scandale ? vous dont le premier précepte est l’homicide et la guerre ? Nous en prenons à témoin l’expérience :