Scène IV.
Toi, reste, brave Omar : il est temps que mon cœur
De ses derniers replis t’ouvre la profondeur.
D’un siége encor douteux la lenteur ordinaire
Peut retarder ma course, et borner ma carrière :
Ne donnons point le temps aux mortels détrompés
De rassurer leurs yeux de tant d’éclat frappés.
Les préjugés, ami, sont les rois du vulgaire.
Tu connais quel oracle et quel bruit populaire
Ont promis l’univers à l’envoyé d’un dieu,
Qui, reçu dans la Mecque, et vainqueur en tout lieu,
Entrerait dans ces murs en écartant la guerre :
Je viens mettre à profit les erreurs de la terre.
Mais tandis que les miens, par de nouveaux efforts,
De ce peuple inconstant font mouvoir les ressorts,
De quel œil revois-tu Palmire avec Séide ?
Parmi tous ces enfants enlevés par Hercide,
Qui, formés sous ton joug, et nourris dans ta loi,
N’ont de dieu que le tien, n’ont de père que toi,
Aucun ne te servit avec moins de scrupule,
N’eut un cœur plus docile, un esprit plus crédule ;
De tous tes musulmans ce sont les plus soumis.
Cher Omar, je n’ai point de plus grands ennemis.
Ils s’aiment, c’est assez.
Blâmes-tu leurs tendresses ?
Ah ! connais mes fureurs et toutes mes faiblesses.
Comment ?
Parmi mes passions règne au fond de mon cœur.
Chargé du soin du monde, environné d’alarmes,
Je porte l’encensoir, et le sceptre, et les armes :