N’en doutez pas, mon sang coulerait pour Séide.
Vous l’aimez à ce point ?
Nous soumit l’un et l’autre à votre joug sacré,
Cet instinct tout-puissant, de nous-même ignoré,
Devançant la raison, croissant avec notre âge,
Du ciel, qui conduit tout, fut le secret ouvrage.
Nos penchants, dites-vous, ne viennent que de lui.
Dieu ne saurait changer : pourrait-il aujourd’hui
Réprouver un amour que lui-même il fit naître ?
Ce qui fut innocent peut-il cesser de l’être ?
Pourrais-je être coupable ?
Attendez les secrets que je dois révéler ;
Attendez que ma voix veuille enfin vous apprendre
Ce qu’on peut approuver, ce qu’on doit se défendre.
Ne croyez que moi seul.
Esclave de vos lois, soumise, à vos genoux,
Mon cœur d’un saint respect ne perd point l’habitude.
Trop de respect souvent mène à l’ingratitude.
Non, si de vos bienfaits je perds le souvenir,
Que Séide à vos yeux s’empresse à m’en punir !
Séide !
Ah ! Quel courroux arme votre œil sévère ?
Allez, rassurez-vous, je n’ai point de colère.
C’est éprouver assez vos sentiments secrets ;
Reposez-vous sur moi de vos vrais intérêts :
Je suis digne du moins de votre confiance.
Vos destins dépendront de votre obéissance.
Si j’eus soin de vos jours, si vous m’appartenez,
Méritez des bienfaits qui vous sont destinés.