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AVERTISSEMENT

POUR LA PRÉSENTE ÉDITION.

C’est sa mois d’avril 1744 que Voltaire commença à travailler au divertisse ment de la Princesse de Navarre, et ce ballet ne lui demanda pas moins de dix mois de remaniements et de rebouches. « J’aurais mieux aimé faire une tragédie, » écrit-il à Richelieu, et on !e croit sans peine. Il fallait écouter les avis de tout le monde, corriger, modifier d’après ces avis. Il était associé à Orphée-Rameau, ce qui n’augmentait pas médiocrement les diflBcultés. Pourquoi Voltaire mettait-il tant d’ardeur à cette ingrate besogne ? C’est qu’il espérait par là se mettre bien en cour : à Cette bagatelle, écrit-il à d’Ârgental, est la seule ressource qui me reste, ne vous déplaise, après la démission de M. Âmelot, pour obtenir quelque marque de bonté qu’on me doit pour des bagatelles d’une autre espèce dans lesquelles je n’ai pas laissé de rendre service. »

Au commencement de janvier 1745, il va s’établir à Versailles, à l’hôtel de Villeroy, pour suivre les répétitions de plus près ; il écrit à Cideville : a Ne plaindrez-vous pas un pauvre diable qui est bouflbn du roi à cinquante ans, et qui est plus embarrassé avec les musiciens, les décorateurs, les comédiens, les chanteurs, les danseurs, que no le seront les huit ou neuf électeurs pour se faire un César allemand*. Je cours de Paris à Versailles, je fais des vers en chaise de poste : il faut louer le roi hautement, M’"« la Dauphine finement, la famille royale doucement, contenter la cour, ne pas déplaire à la ville. »

Pour ses peines, il espérait et demandait les charges de gentilhomme de la chambre et d’historiographe du roi qu’avait eues Racine sous Louis XIV.

La représentation solennelle de la Princesse de Navarre eut lieu le Î3 février, dans une salle construite exprès. Elle réussit officiellement. L’avocat Barbier, dans son Journal, dit, d’autre part, que la pièce avait paru longue, ennuyeuse, mauvaise. C’était être bien sévère pour une composition de ce genre. Voltaire s’exprime dans ces termes mesurés : à Mon ouvrage est décent ; il a plu sans être flatteur, le roi m’en sait gré. Les Mirepoix ne peuvent me nuire. Que me faut-il de plus ?... t

i. L’empereur Charles VU venait de mourir.