Aller au contenu

Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Qui rend son siècle heureux veut vivre en la mémoire
Pour mériter Homère Achille a combattu.
Si l'on dédaignait trop la gloire,
On chérirait peu la vertu.

(Tous les acteurs bordent le théâtre, représentant les Muses et les Beaux-Arts.)

O vous qui lui rendez tant de divers hommages,
Vous qui le couronnez, et dont il est l'appui,
N’espérez pas pour vous avoir tous les suffrages
Que vous réunissez pour lui.

Je sais que de la cour la science profonde
Serait de plaire à tout le monde ;
C’est un art qu’on ignore ; et peut-être les dieux
En ont cédé l’honneur au maître de ces lieux.

Muses, contentez-vous de chercher à lui plaire ;
Ne vantez point ici d’une voix téméraire
La douceur de ses lois, les efforts de son bras,
Thémis, la Prudence, et Bellone,
Conduisant son cœur et ses pas,
La bonté généreuse assise sur son trône,
Le Rhin libre par lui, l’Escaut épouvanté,
Les Apennins fumants que sa foudre environne ;
Laissons ces entretiens à la postérité.
Ces leçons à son fils, cet exemple à la terre :
Vous graverez ailleurs, dans les fastes des temps,
Tous ces terribles monuments.
Dressés par les mains de la Guerre.
Célébrez aujourd’hui l’hymen de ses enfants,
Déployez l’appareil de vos jeux innocents.
L’objet qu’on désirait, qu’on admire, et qu’on aime,
Jette déjà sur vous des regards bienfaisants :
On est heureux sans vous ; mais le bonheur suprême
Veut encor des amusements.

Cueillez toutes les fleurs, et parez-en vos têtes ;
Mêlez tous les plaisirs, unissez tous les jeux,
Souffrez le plaisant même ; il faut de tout aux fêtes,
Et toujours les héros ne sont pas sérieux.
Enchantez un loisir, hélas ! trop peu durable.