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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/323

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LEONOR

Eh bien, connaissez — vous la personne qu’il aime ?

CONSTANCE

à Léonor.

Je ne me connais pas moi — même,
Mon cœur est trop ému pour oser vous parler.


Scène X

Morillo, et les personnages précédents
MORILLO

Helas tout cela fait trembler :
Ta mère en va mourir, que deviendra ma fille ?
L’enfer est déchaîné, mon château, ma famille,
Mon bien, tout est pillé, tout est à l’abandon,
Le Duc de Foix a fait investir ma maison.

CONSTANCE

Le Duc de Foix ? Qu’entends-je ?
ciel, ta tyrannie veut encore par ses mains persécuter ma vie !

MORILLO

Bien ce n’est-là que la moindre partie
De ce qu’il nous faut ennuyer.
Un certain Du Guesclin, brigand de son métier ?
Turc de Religion ? et Breton d’origine,
Avec ses spadassins, devers Burgos chemine.
Ce traître Duc de Foix vient de s’associer
Avec toute cette racaille.
Contre eux, tout près d’ici, le Roi va guerroyer,
Et nous allons avoir bataille.

CONSTANCE

Ainsi donc à mon fort je n’ai pu résister ;
Son inévitable poursuite Dans le piège me précipite
Par les mêmes chemins choisis pour l’éviter.
Toujours le Duc de Foix ! sa funeste tendresse
Est pire que la haine, , il me poursuit sans celle.

MORILLO

C’est bien moi qu’il poursuit, si vous le trouvez bon :
Serait-ce donc pour vous que je fuis au pillage ?
On fera sauter ma maison.