Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/338

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De goûter le bonheur de faire sa fortune,
Ne pouvant me livrer au bonheur de l’aimer.

(On entend derrière le théâtre un bruit de trompettes. )

LE CHŒUR

Triomphe Victoire,
L’équité marche devant nous ;
Le ciel y joint la Gloire,
L’ennemi tombe fous nos coups.
Triomphe Victoire.

LEONOR

Est-ce le Duc de Foix qui prétend par des fêtes,
Vous mettre encore, Madame, au rang de ses conquêtes ?

CONSTANCE

Ah ! je déteste le parti,
Dont la Victoire a secondé ses armes ;
Quel qu’il soit, Léonor, il est mon ennemi.
Puisse le Duc de Foix auteur de mes alarmes,
Puissent Don Pedre et lui l’un par, l’autre périr !
Mais, ô ciel ! conservez mon vengeur Alamir,
Dût — il ne point m’aimer, dût — il causer mes larmes.


Scène V

Le duc de foix, Constance, Léonor
LE DUC DE FOIX

Madame, les Français ont délivré ces lieux ;
Don Pedre est descendu dans la nuit éternelle.
Gaston de Foix victorieux,
Attend encor une gloire plus belle,
Et demande l’honneur de paraître à vos yeux.

CONSTANCE

Que dites — vous, et qu’osez — vous m’apprendre ?
Il paraîtrait en des lieux où je fuis !
Don Pedre est mort, et mes ennuis
Survivraient encor à sa cendre !

LE DUC DE FOIX

Gaston de Foix vainqueur en ces lieux va se rendre.
J’ai combattu fous lui ; j’ai vu dans ce grand jour,
Ce que peut le courage, et ce que peut l’amour.