Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/366

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Si je pouvais vous écouter,
Je deviendrais indigne d'elle.

LIDIE
Non, la Gloire n'est point barbare et sans pitié ;
Non, tu te fais des dieux à toi-même semblables ;
A leurs autels tu n'as sacrifié
Que les pleurs et le sang des mortels misérables.

BELUS
Ne condamnez point mes exploits ;
Quand on se veut rendre le maître,
On est malgré soi quelquefois
Plus cruel qu'on ne voudrait être.

LIDIE
Que je hais tes exploits heureux !
Que le sort t'a changé ! que ta grandeur t'égare !
Peut-être es-tu né généreux ;
Ton bonheur t'a rendu barbare.

BELUS
Je suis né pour dompter, pour changer l'univers :
Le faible oiseau, dans un bocage,
Fait entendre ses doux concerts ;
L'aigle qui vole en haut des airs
Porte la foudre et le ravage.
Cessez de m'arrêter par vos murmures vains,
Et laissez-moi remplir mes augustes destins.

(Bélus sort pour aller au temple.)

LIDIE
O Muses, puissantes déesses !
De cet ambitieux fléchissez la fierté ;
Secourez-moi contre sa cruauté,
Ou du moins contre mes faiblesses.

APOLLON ET LES MUSES
descendant dans un char qui repose par les deux bouts sur les collines du Parnasse.

(Elles chantent en choeur.)

Nous adoucissons
Par nos arts aimables
Les coeurs impitoyables,
Ou nous les punissons.

APOLLON
Bergers, qui dans ces bocages