Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/367

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Apprîtes nos chants divins,
Vous calmez les monstres sauvages ;
Fléchissez les cruels humains.

(Les bergers dansent.)

APOLLON
Vole, Amour, dieu des dieux, embellis mon empire ;
Désarme la guerre en fureur :
D'un regard, d'un mot, d'un sourire,
Tu calmes le trouble et l'horreur ;
Tu peux changer un coeur,
Je ne peux que l'instruire.
Vole, Amour, dieu des dieux, embellis mon empire ;
Désarme la guerre en fureur.

BELUS, rentre,suivi de ses guerriers.
Quoi ! ce temple pour moi ne s'ouvre point encore !
Quoi ! cette Gloire que j'adore
Près de ces lieux prépara mes autels ;
Et je ne vois que de faibles mortels,
Et de faibles dieux que j'ignore.

CHOEUR DES BERGERS
C'est assez vous faire craindre ;
Faites-vous enfin chérir :
Ah ! qu'un grand coeur est à plaindre
Quand rien ne peut l'attendrir !

UNE BERGERE
D'une beauté tendre et soumise
Si tu trahis les appas,
Cruel vainqueur, n'espère pas
Que la Gloire te favorise.

UN BERGER
Quoi ! vers la Gloire il a porté ses pas,
Et son coeur serait infidèle ?
Ah ! parmi nous une honte éternelle
Est le supplice des ingrats.

BELUS
Qu'entends-je ? il est au monde un peuple qui m'offense !
Quelle est la faible voix qui murmure en ces lieux
Quand la terre tremble en silence ?
Soldat, délivrez-moi de ce peuple odieux.

LE CHOEUR DES MUSES
Arrêtez ; respectez les dieux
Qui protègent l'innocence.

BELUS