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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/416

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442 LA PRUDE.

dârmin. Le ridicule et la bonne fortune Vont bien ensemble, et la chose est commune.

BLANFORD.

Quoi ! vous pensez...

DARMIN.

Oui, ces femmes de bien Aiment parfois les grands diseurs de rien. Mais permettez que j’aille un peu moi-même Chercher mon sort, et savoir si Ton m’aime.

(Il sort) BLANFORD.

Oui, hâtez-vous d’être congédié.

Hom ! le pauvre homme ! il me fait grand’pitié.

Que je te loue, ô destin favorable.

Qui me fais prendre une femme estimable !

Que dans mes maux je bénis mon retour !

Que ma raison augmente mon amour !

Oh ! je fuirai, je l’ai mis dans ma tête,

Le monde entier pour une femme honnête,

C’est trop longtemps courir, craindre, espérer :

Voilà le port où je veux demeurer.

Près d’un tel bien qu’est-ce que tout le reste ?

Le monde est fou, ridicule, ou funeste ;

Ai-je grand tort d’en être l’ennemi ?

Non, dans ce monde il n’est pas un ami ;

Personne au fond à nous ne s’intéresse ;

On est aimé, mais c’est de sa maîtresse :

Tout le secret est de savoir choisir.

Une coquette est un vrai monstre à fuir :

Mais une femme, et tendre, et belle, et sage,

De la nature est le plus digne ouvrage.

FIN DU PREMIER ACTE.