430 LA PRUDE.
COLETTE.
Eh bien l de qui ?
DORFISE.
Mais de cet étranger, De ce petit... là... tu m’y fais songer.
COLETTE.
Lui, des conseils ? lui, madame, à son âge ? Sans barbe encore ?
DORFISE.
Il me parait fort sage, Et, s’il est tel, il le faut écouter. Les jeunes gens sont bons à consulter : Il me pourrait procurer des lumières Qui donneraient du jour à mes affaires. Et tu sens bien qu’il faut parler d’abord Au jeune ami du bon monsieur Blanford.
COLETTE.
Oui, lui parler paraît fort nécessaire.
DORFISE, tendrement et d’un air embarrasse.
Et comme à table on parle mieux d’affaire. Conviendrait-il qu’avec discrétion Il vint dîner avec moi ?
COLETTE.
Tout de bon ! Vous, qui craignez si fort la médisance î
DORFISE, d’un air fier.
Je ne crains rien : je sais comme je pense : Quand on a fait sa réputation. On est tranquille à l’abri de son nom. Tout le parti prend en main notre cause. Crie avec nous.
COLETTE.
Oui, mais le monde cause.
DORFISE.
Eh bien ! cédons à ce monde méchant ; Sacrifions un dîner innocent ; N’aiguisons point leur langue libertine. Je ne veux plus parler au jeune Adine : Je ne veux point le revoir... Cependant Que peut-on dire, après tout, d’un enfant ? A la sagesse ajoutons l’apparence. Le décorum, l’exacte bienséance.