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ZULIME.

Ma rivale aura fait de moindres sacrifices ;
Mes mains auront brisé de plus puissants liens,
Et mes derniers bienfaits sont au-dessus des siens.

ramire.

Vos bienfaits sont affreux ; l’idée en est un crime.
chère et tendre épouse ! ô cœur trop magnanime !
Il faut périr ensemble, il faut qu’un noble effort
Assure la retraite, ou nous mène à la mort.

atide.

Je mourrai, j’y consens ; mais espérez encore ;
Tout est entre vos mains, Zulime vous adore :
Ce n’est pas votre sang qu’elle prétend verser.
Pensez-vous qu’à son père elle osât s’adresser ?
Vous voyez ces remparts qui ceignent notre asile :
Sont-ils pleins d’ennemis ; tout n’est-il pas tranquille ?
A-t-elle seulement marché de ce côté ?
Sa colère trompait son esprit agité.
Confiez-vous à moi ; mon amour le mérite.
Je vous réponds de tout, souffrez que je vous quitte ;
Souffrez…

(Elle sort.)
ramire.

Non… je vous suis.


Scène V

RAMIRE, BÉNASSAR.
bénassar.

Demeure, malheureux !
Demeure.

ramire.

Que veux-tu ?

bénassar.

Cruel ! ce que je veux ?
Après tes attentats, après ta fuite infâme.
L’humanité, l’honneur, entrent-ils dans ton âme ?

ramire.

Crois-moi, l’humanité règne au fond de ce cœur
Qui pardonne à ton doute, et qui plaint ton malheur :
L’honneur est dans ce cœur qui brava la misère.