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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/52

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ZULIME.

SCENE III.

ZULIME, SÉRAME.

ZULIME.

Eh bien ! que t’a-t-on dit ? Parle.

SÉRAME.

Un désordre horrible accable mon esprit : On ne voit, on n’entend que des troupes plaintives. Au dehors, au dedans, aux portes, sur les rives, Au palais, sur le port, autour de ce rempart ; On se rassemble, on court, on combat au hasard ; La mort vole en tous lieux. Votre esclave perfide Partout oppose au nombre une audace intrépide. Pressé de tous côtés, Ramire allait périr ; Croiriez- vous quelle main vient de le secourir ? Atide...

ZULIME.

Atide ! ô ciel !

SÉRAME.

Au milieu du carnage, D’un pas déterminé, d’un œil plein de courage, S’élançant dans la foule, étonnant les soldats, Sa beauté, son audace, ont arrêté leurs bras. Vos guerriers, qui pensaient venger votre querelle, Unis avec les siens, se rangent autour d’elle. Voilà ce qu’on m’a dit, et j’en frémis d’effroi.

ZULIME.

Ramire vit encore, et ne vit point pour moi ! Ramire doit la vie à d’autres qu’à moi-même ! Une autre le défend ; c’est une autre qu’il aime ! Et c’est Atide !... Allons, le charme est dissipé’ : Je déchire un bandeau de mes larmes trempé ; Je revois la lumière, et je sors de l’abîme Où me précipitaient ma faiblesse et leur crime. Ciel ! quel tissu d’horreurs ! ah ! j’en avais besoin ; De guérir ma blessure ils ont pris l’heureux soin. Va, je renonce à tout, et môme à la vengeance : Je verrai leur supplice avec l’indifférence