ACTE V, SCÈNE VL 563
SCENE V.
AZÉMA.
Dieux I yeillez sur ses pas dans ce tombeau funeste. Que voulez-vous ? quel sang doit aujourd’hui couler ? Impénétrables dieux, vous me faites trembler. Je crains Assur, je crains cette main sanguinaire ; Il peut percer le fils sur la cendre du père. Abîmes redoutés, dont Ninus est sorti, Dans vos autres profonds que ce monstre englouti Porte au sein des enfers la fureur qui le presse ! Cieux, tonnez ! cieux, lancez la foudre vengeresse ! son père ! ô Ninus I quoi ! tu n’as pas permis Qu’une épouse éplorée accompagnaât ton fils I Ninus, combats pour lui dans ce lieu de ténèbres !
N’entends-je pas sa voix parmi des cris funèbres ? Dût ce sacré tombeau, profané par mes pas, Ouvrir pour me punir les gouffres du trépas. J’y descendrai, j’y vole.. ! Ah ! quels coups de tonnerre Ont enflammé le ciel et font trembler la terre ! Je crains, j’espère... Il vient.
SCÈNE VI.
NINIAS, une épée à la main ; AZÉMA.
NINIAS.
Ciel ! où suis-je ?
AZÉMA.
Ah l seigneur. Vous êtes teint de sang, pâle, glacé d’horreur.
NINIAS, d’un air égaré.
Vous me voyez couvert du sang du parricide.
Au fond de ce tombeau mon père était mon guide ;
J’errais dans les détours de ce grand monument.
Plein de respect, d’horreur, et de saisissement ;
Il marchait devant moi : j’ai reconnu la place
Que son ombre en courroux marquait à mon audace.