564 SÉMrHÂMIS.
Auprès d’une colonne, et loin de la clarté
Qui suffisait à peine à ce lieu redouté,
J’ai vu briller le fer dans la main du perfide ;
J’ai cru le voir trembler : tout coupable est timide.
J’ai deux fois dans son flanc plongé ce fer vengeur ;
Et d’un bras tout sanglant, qu’animait ma fureur,
Déjà je le traînais, roulant sur la poussière.
Vers les lieux d’où partait cette faible lumière :
Mais, je vous l’avouerai, ses sanglots redoublés,
Ses cris plaintifs et sourds, et mal articulés,
Les dieux qu’il invoquait, et le repentir même
Qui semblait le saisir à son heure suprême ;
La sainteté du lieu, la pitié dont la voix.
Alors qu’on est vengé, fait entendre ses lois ;
Un sentiment confus, qui même m’épouvante.
M’ont fait abandonner la victime sanglante.
Azéma, quel est donc ce trouble, cet effroi.
Cette invincible horreur qui s’empare de moi ?
Mon cœur est pur, ô dieux ! mes mains sont innocentes
D’un sang proscrit par vous vous les voyez fumantes ;
Quoi ! j’ai servi le ciel, et je sens des remords !
AZÉMA.
Vous avez satisfait la nature et les morts. Quittons ce lieu terrible, allons vers votre mère ; Calmez à ses genoux ce trouble involontaire ; Et puisque Assur n’est plus...
SCENE VII.
NINIAS, AZÉMA, ASSUR.
(Atsur parait dans l’enfonce mont avec Otane et les gardes de la reine.)
AZÉMA.
Ciel ! Assur à mes yeux !
NINIAS.
Assur ?
AZÉMA.
Accourez tous, ministres de nos dieux, Ministres de nos rois, défendez votre maître*.
1. Voltaire appelait tout ce jeu le colin-maillard du tombeau. (G. A.)