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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/593

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Damis.

Ah ! si vous connaissiez cette ardeur vive et pure,
Ces traits, ces feux sacrés, l’âme de la nature,
Cette délicatesse et ces ravissements,
Qui ne sont bien connus que des heureux amants !
Si vous saviez…

M. Gripon.

Si vous saviez…Je sais que je ne puis comprendre
Rien de ce que tu dis.

Damis.

Rien de ce que tu dis.Votre cœur n’est point tendre.
Vous ignorez les feux dont je fuis consumé.
Mon cher monsieur Gripon, vous n’avez point aimé.

M. Gripon.

Si fait, si fait.

Damis.

Si fait, si fait.Comment ? Vous aussi, vous ?

M. Gripon.

Si fait, si fait. Comment ? Vous aussi, vous ?Moi-même.

Damis.

Vous concevez donc bien l’emportement extrême,
Les douceurs…

M. Gripon.

Les douceurs…Et oui, oui, j’ai fait, à ma façon
L’amour un jour ou deux à madame Gripon ;
Mais cela n’était pas comme ta belle flamme,
Ni tes discours de fou que tu tiens sur ta femme.

Damis.

Je le crois bien : enfin, vous me le pardonnez ?

M. Gripon.

Oui-dà, quand les contrats feront faits et signés.
Allons, avec ta mère il faut que je m’abouche :
Finissons tout.

Damis.

Ma mère en ce moment se couche.

M. Gripon.

Quoi ? Ta mère ?…

Damis.

Approuvant le goût qui nous conduit,
Elle a dans notre bal dansé toute la nuit.

M. Gripon.

Ta mère est folle.