Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/594

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Damis.

Ta mère est folle.Non, elle est très respectable,
Magnifique avec goût, douce, tendre, adorable.

M. Gripon.

Écoute ; il faut ici te parler clairement.
Nous attendons ton père, il viendra promptement ;
Et déjà son commis arrive en diligence,
Pour régler sa recette, ainsi que la dépense.
Il fera très-fâché du train qu’on fait ici,
Et tu comprends fort bien que je le suis aussi.
C’est dans un autre esprit que Phlipotte est nourrie ;
Elle a trente-sept ans, fille honnête, accomplie,
Qui, seule avec mon fils, compose ma maison ;
L’été sans éventail, et l’hiver sans manchon,
Blanchit, repasse, coud, compte comme Barême,
Et fait manquer de tout aussi-bien que moi-même.
Prends exemple sur elle, afin de vivre heureux.
Je reviendrai ce soir vous marier tous deux.
Tu parais bon enfant, et ma fille est bien née ;
Mais, crois-moi, ta cervelle est un peu mal tournée :
Il faut que la maison soit sur un autre pied.
Dis-moi, ce grand flandrin, qui m’a tant ennuyé,
Qui toujours de côté me fait la révérence,
Vient-il ici souvent ?

Damis.

Vient-il ici souvent ?Oh ! fort souvent.

M. Gripon.

Vient-il ici souvent ? Oh ! fort souvent.Je pense
Que pour cause il est bon qu’il n’y revienne plus.

Damis.

Nous suivrons sur cela vos ordres absolus.

M. Gripon.

C’est très bien dit. Mon gendre a du bon ; et j’espère
Morigéner bientôt cette tête légère ;
Mais surtout plus de bal : je ne prétends plus voir
Changer la nuit en jour, et le matin en soir.

Damis.

Ne craignez rien.

M. Gripon.

Ne craignez rien.Eh bien, où vas-tu ?

Damis.

Ne craignez rien. Eh bien, où vas-tu ?Satisfaire