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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/91

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ACTE III, SCÈNE VI.

VARIANTES DE ZULIME. 87

SCÈNE II. BÉNASSAR, ZULIME, MOHADIR, suite.

ZDLIUE.

T^Ion, n’allez pas plus loin, frappez, et vengez-vous ; Ce cœur, plein de respect, se présente à vos coups. Je ramène à vos pieds tous ceux qui m*ont suivie ; Maître absolu de tout, arrachez-moi la vie.

BéNASSAR.

Fille indigne du jour, est-ce toi que Je voi ?

z U L I H E.

^Pour la dernière fois, seigneur, écoutez-moi. Le triste emportement d’une amour criminelle. N’arma point contre vo s votre fille rebelle ; Pour vous contre Ramire elle aurait combattu. Et jusqu’en sa faiblesse elle a de la vertu. Ramire autant que moi vous révère et tous aime. Ce héros, il est vrai, né pour le rang suprême, Dans des fers odieux voyait flétrir ses jours ; On les menaçait môme, et j*offris mon secours. De lui, de ses amis, je réglai la conduite ; Je dirigeai leurs pas, je préparai leur fuite ; J’ai tout fait, tout tenté : n’imputez rien à lui. Hélas ! ce n’est qu’à moi de m’en plaindre aujourd’hui. Je sais qu’à vos douleurs il faut une victime : Frappez, mais choisissez. Son malheur fit son crime ; L’adorer est le mien. C’est à vous de venger Ce crime, que peut-être il n’a pu partager. Mon père (car ce nom, ce saint nom qui me touche. Est toujours dans mon cœur, ainsi que dans ma bouche), Par ce lien du sang, si cher et si sacré, Par tous les sentiments que je vous inspirai. Par nos malheurs communs, dont le fardeau m’accable. Percez ce cœur trop faible ; il est le seul coupable. Répandez tout ce sang que vous m’avez donne, Des fureurs de l’amour ce sang empoisonné, Ce sang dégénéré dans votre fille impie ; Trop d’horreur en ces lieux assiégerait ma vie. Après un tel éclat, -s’il n’est point mon époux, L’opprobre seul me reste, et retombe sur vous. Pour sauver votre gloire, à ce point profanée. Il me faut de vos mains la mort, ou l’hyménée. Mais l’une est le seul bien que je doive espérer. Le seul que je mérite, et que j’ose Implorer ; Le seul qui puisse éteindre un feu qui vous outrage. Ah ! ne détournez point votre auguste visage : Voyez-moi, laissez-moi, pour comble de faveurs. Baiser encor vos mains, les baigner de mes pleurs, Vous bénir, vous aimer, au moment que j’expire ; Mais pardonnez, mon père, an malheureux Ramire :